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05 juillet 2022

Portraits Télécom SudParis - Portrait d'Antoine Trannoy (TSP 1989), Managing Partner Jolt Capital

Bonjour, je m’appelle Antoine Trannoy, et je suis issu de la promotion 1989 de Télécom SudParis. Pendant mes années à TSP, j’étais président de SPRINT (Junior Entreprise). Il y a une vingtaine d’années je me suis également impliqué dans l’association des anciens élèves dont j’ai assuré la présidence quelque temps. L’essentiel de ma carrière a été tourné vers le secteur des télécommunications et de la high tech / deeptech. Je travaille actuellement chez Jolt Capital, une société de capital investissement ou private equity en anglais.

 

Quel souvenir gardez-vous de vos années à Télécom SudParis ?

Les trois années passées à TSP furent fantastiques. Je suis particulièrement reconnaissant envers le système éducatif français car j’ai bénéficié d’une formation de très grande valeur aussi bien pendant mes classes préparatoires qu’en école d’ingénieur.

 

Pourriez-vous décrire vos expériences professionnelles ?

J’ai effectué mon stage de dernière année chez IBM aux USA avec un camarade de promotion dans un centre de recherche appliquée. IBM était à l’époque une entreprise aussi importante que les GAFA actuellement, autant en termes d’image que d’impact sur la société. Si Thierry et moi sommes arrivés à NY plein d’appréhension quant à notre capacité à conduire les missions qui nous seraient confiées, nous avons rapidement compris que nos compétences étaient réelles. J’ai d’ailleurs été invité à y revenir un an en tant que post-doc après l’obtention de mon diplôme.

J’ai ensuite eu la chance de pouvoir effectuer en 1991 mon service militaire en tant que coopérant au CERN où j’ai participé à un projet passionnant qui s’est vu remettre en 2000 le prix de la meilleure application scientifique de la décennie par Oracle et ComputerWorld. A l’issue de cette période, j’ai suivi en Sardaigne mes patrons d’IBM et du CERN,  tous deux italiens, pour créer un centre de recherche où j’ai mené pendant 4 ans des projets en collaboration avec des industriels relatifs à des sujets à la pointe à l’époque (première partie des années 90) tels qu'Internet ou la télévision sur ADSL.

Je suis revenu en France pour des raisons familiales et ai alors rejoint le secteur des télécommunications en pleine ébullition. En tant que CTO ou VP Operations, j’ai travaillé dans les satellites pour accompagner la transition de l’ analogique vers le numérique, au déploiement massif de l’Internet grand public, à la planification des réseaux GSM… J'ai également créé en 2001 avec d’anciens collègues un opérateur virtuel que nous avons fait croître exclusivement sur fonds propres puis revendu au bout de 10 ans. Cette période, traversée par des crises et notamment celle de 2001, m’a appris ce que veut dire le passage à l’échelle, la restructuration et également la résilience. J’ai enfin participé à mes premières opérations de M&A auxquelles j’ai trouvé une saveur toute particulière.

Durant cette quinzaine d’années quasiment dédiée aux télécoms, j’ai fait un passage dans le monde de la banque / assurance (Dresdner & Allianz) comme patron de l’informatique et de l’organisation. Mes missions principales, outre la partie opérationnelle, ont été sous le signe des restructurations et d’une intégration post-fusion. J’ai également participé à la cession d’actifs considérés comme non stratégiques.

Avant de rejoindre Jolt Capital, la société de gestion dont je suis un des Managing Partners, j’ai repris une société de plus de 200 personnes sous LBO dont le banquier a fait faillite 15 jours après mon arrivée en 2008. J'y suis resté presque 8 ans et, à force de restructurations, de pivots, d’acquisitions, la société est redevenue profitable et nous avons pu la vendre à un acteur suédois.

 

Pourriez-vous décrire votre métier ?

J’ai exercé jusqu’ici un certain nombre de métiers différents. Si on se concentre sur le présent, Jolt Capital est une société de gestion indépendante qui investit dans des sociétés européennes B2B de deeptech dont le chiffre d’affaires est déjà supérieur à 15m€ annuel, pour les aider à devenir des leaders mondiaux avec une taille suffisamment importante pour intéresser des grandes entreprises. Nous avons une prédilection pour des sociétés offrant au marché des solutions matérielles avec un portefeuille de brevets conséquent, ce qui nous différencie de la plupart de nos confrères qui préfèrent les plateformes numériques.

 

Quelle est votre journée type ?

Je n’ai pas de journée type mais mon temps se répartit entre d’une part les levées de fonds (auprès d’institutionnels ou de family offices par exemple) et d’autre part l’activité d’investissement qui se décompose entre la recherche de sociétés répondant à nos critères, la négociation de deals sachant qu’environ seulement 1% d’entre eux aboutiront, le suivi de notre portefeuille notamment par la participation active aux conseils d’administration des sociétés de ce dernier et, enfin, la vente des lignes afin de restituer l’argent qui nous a été confié, avec si possible un confortable multiple et un TRI important.

 

Lorsque vous étiez étudiant, disposiez-vous d’un plan établi pour votre avenir ?

Non, je n’avais pas de plan de carrière établi. Je suis allé en prépa car j'étais bon en maths et j'étais fasciné par les réseaux et télécoms. J’ai ensuite accepté des aventures qui m’apparaissaient potentiellement passionnantes et ne le regrette absolument pas !

A noter qu’à l’époque de mes études, mon métier actuel n’existait pas (ou quasiment pas) en Europe. Contrairement à aujourd’hui, les élèves ingénieurs qui souhaitaient créer une société / start-up ne bénéficiaient d’aucun soutien, ni des écoles ni des banques. Le seul argent disponible était celui des contrats clients…

 

Quel conseil donneriez-vous aux jeunes qui vont démarrer leur carrière ?

Faites les choses par passion et allez jusqu'au bout, ne lâchez jamais. La résilience est probablement la qualité la plus importante à développer. C’est pendant les tempêtes que vous apprendrez le plus, à condition de ne pas abandonner ou de passer à autre chose.

Ayez également un vrai groupe d'amis et rendez service quand vous le pouvez sans rien attendre en retour (cela viendra sans que vous ne vous y attendiez le jour où vous en aurez besoin). Au-delà de la vie associative, les amitiés les plus fidèles que j’ai sont celles que j'ai notamment construites à TSP.



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